Ceci pourrait-être un banal message banderole de groupie sauvage, mais il ne l'est pas. C'est le message d'une fan de la dernière guerre.
Vous vous souvenez de ma grand-mère? Eh bien elle avait une soeur nommée Tante F. chez qui je passais de longues longues vacances.
En fait de vacances, c'était comme un séjour dans une malle à déguisements: le dressing de Tante F prenait plus d'une pièce et parfois elle nous prêtait ses robes offertes par le Maharajah X ou Y l'un de ses "très chers âââmis". Les robes étaient dix fois trop grandes, mais, avec Lou, on se sentait très chic. J'ai passé plus d'une journée d'été à flaner dans le jardin en maillot de bain, capeline XXL, maxi boucles d'oreilles et sac Chanel. Le bonheur sur terre. Le must? Il fallait s'habiller spécialement pour dîner.
Un portrait de Tante F qui a servi de modèle pour la boutique de Larmadio del Delitto .
Ma grande occupation, c'était d'aller regarder les wallabies et les flamands roses dans le parc de Carven, à côté. Un grand parc vert où roucoulaient des poules chinoises, des paons, des petits lapins... je me suis souvent demandé pourquoi il n'y avait pas d'éléphant.
Une année, tous les flamands roses ont été volés, ça a été le drame. Pendant ce temps-là, je lisais tout ce que je pouvais trouver sur Carven qui m'avait l'air d'être une dame intéressante. Si on voulait la voir il fallait envoyer le ballon de son côté (pratique). Un jour Tante F rentre en me disant que Carven avait beaucoup aimé mon dessin de robe de mariée, et qu'elle s'était proposée de me la réaliser pour mon mariage....jour de gloire!
Je vous montre. Heureusement pour moi, ce n'est pas cette robe là que j'ai portée le jour J.
A partir de là, je lui ai voué une admiration totale. Pas exclusive, mais totale. Quand la maison de couture était au fond du gouffre, j'y croyais. Quand j'étais étudiante aux ArtsDéco, je me suis proposée comme stagiaire (ils étaient tellement dans le précipice qu'ils ne pouvaient même pas prendre de stagiaire), j'y croyais toujours. Je regardais chaque défilé couture, et je m'étais jurée de travailler là-bas. Par fidélité en somme.
Et Bam! Le voilà!
Lui là, avec ses chaussures à noeuds, ses robes asymétriques. Des tenues pas très défilégéniques, mais très très cintrogéniques: quand on repère les tenues sur cintre, on ne peut plus s'en détacher. C'est violent comme effet.
Le chevalier (il s'appelle Guillaume Henry) est arrivé pour sauver la maison agonisante. Je le savais, je n'y avais pas cru pour rien. Maintenant tout le monde s'amourache de cette marque, ça aussi je le savais. Voilà c'est pour tout ça que j'aime Carven.
Bisous! C'était un message de groupie sauvage.
Ps: leur dernier défilé, c'est ici.